Denis Robert http://ladominationdumonde.blogspot.com/2007/03/la-censure-jamais-je-naurais-imagin-en.html
....Venons-en à la raison de cette précipitation de la part de Clearstream. Je viens de lire le livre de Jean Louis Gergorin « Rapacités ». La sortie de cet ouvrage n’est pas étrangère, j’en suis persuadé, à la soudaine rapacité de Clearstream à mon égard.
Ce bouquin, malgré quelques prudences lexicales, est une bénédiction !
L’ex numéro deux d’EADS, ne cherche pas seulement à expliquer son rôle dans la manipulation des listings. Il renvoie la responsabilité du trafic sur son informateur dont on comprend vite qu’il s’agit d’Imad Lahoud. Il développe dans une longue partie édifiante les us et coutumes du milieu -nous sommes dans l’hyperfinance- qui vise à fabriquer des montagnes d’argent noir sur le point de détruire notre tissu économique. Les exemples ne manquent pas et cette lecture est roborative.
Les passages les plus novateurs sont ceux qui concernent Clearstream. Les chapitres 4 à 7. Gergorin raconte qu’il découvre « un instrument extraordinaire de la finance internationale aux capacités pour le moins inquiétantes ». Il cite un ancien directeur du Trésor qui explique "Clearstream facilite la réintégration dans le système financier de fonds dont il vaut mieux ne pas connaître l’origine".
Il développe, avec précision, les moyens utilisés par la multinationale pour fabriquer cette opacité et la vendre à ses clients. Par exemple, la technique du « nantissement » de comptes qui permet, en toute légalité, de sauter les frontières et d’échapper aux curieux. Dans mes livres (en particulier la boîte noire), j’évoquais les comptes publiés et non publiés, ou, dans le dernier (Clearstream, l’enquête), les comptes fermés et loués à des tiers. Lui utilise une éclairante métaphore automobile. Devenu par sa fonction de responsable de la stratégie d’Eads un fidèle abonné aux services Internet et Intranet de Clearstream, il peut montrer comment ouvrir des comptes dit « additionnels » qui servent de « véhicules financiers » aux transactions...
"Aux véhicules financiers immatriculés -les comptes principaux- peuvent se voir attelées, en quelques sorte, des remorques sans plaque d’identification visible, puisque les comptes additionnels ne sont pas forcément publiés » écrit-il page 81. Il ajoute que les ayant droit économiques de ces comptes ne sont pas forcément connus de Clearstream, que ces derniers peuvent être « des particuliers ». Et transférer à leur guise des liquidités. Ce qu’a toujours et d’une manière forcenée nié Clearstream.
Toute son explication repose sur des textes récupérés de l’intérieur de la firme. Ses annexes affinent tout ce que nous disons et écrivons depuis plusieurs années.
Gergorin décrit pourquoi ces transactions parallèles ne laissent pas de traces dans la comptabilité de la firme. Il dénombre 11296 comptes additionnels (non publiés) : "Ce n’est pas une mince affaire" poursuit-il avant d’analyser plus précisément un système de comptes qui continuent « à servir des clients avides de discrétion » : « Après 5 mois d’analyse, j’ai acquis la conviction qu’il existe chez Clearstream jusqu’en 2001 et probablement jusqu’en 2004, une catégorie extraordinaire de comptes qu’on pourrait appeler les comptes morts-vivants" assène-t-il ajoutant une couche supplémentaire dans l’explication que nous donnions de cette invisibilité organisée de la finance internationale.
Au passage, il insiste sur le fait que si Andrew Wang, le fameux intermédiaire de l’affaire des frégates de Taiwan, a fermé ses comptes à l’Union des Banques Suisses pour transférer ailleurs le montant des commissions, et ainsi se faire remarquer, c’est en raison des accusations portées dans noter livre Révélation$. Ces comptes bancaires étaient en effet tous ouverts à Clearstream.
Je ne peux qu’inviter à lire ce livre, même si Gergorin, et c’est de bonne guerre, est un peu caricatural à mon égard. Mais je m’en moque. C’est la première fois depuis six années que l’affaire est sortie qu’un travail de réflexion et d’enquête est réalisé dans la continuité du nôtre. Ce n’est pas un journaliste qui le fait. C’est l’ancien numéro deux d’Eads. Un énarque. Un haut fonctionnaire qui petit déjeune avec Kissinger, déjeune avec Dominique de Villepin et dîne avec tous les banquiers de la planète.
J’ignore qui a manipulé qui dans l’affaire dite du corbeau, même si le tableau se fait plus précis ces derniers temps, mais je ne vois pas l’intérêt pour Jean Louis Gergorin, du fait de ses casseroles et des risques encourus, de commettre pareil livre aujourd’hui. C’est le signe, à mes yeux, d’une absolue sincérité. D’un retour à l’humain. Ce qui peut paraître paradoxal compte tenu de tout ce qu’on a écrit sur lui.
C’est trop facile aujourd’hui de le renvoyer à son hypothétique folie comme le font Imad Lahoud et les mauvais journalistes. Ceux qui ne réfléchissent pas plus loin que le bout de leur nez ou sont instrumentalisés pour fabriquer des écrans de fumée.
Le jugement VSD et les publications dans la presse de ses attendus qui vont suivre pourront être interprétés de deux manières. Ceux qui ne connaissent rien à ce dossier vont penser à une défaite pour nous. Les autres auront compris que c’est l’annonce d’un énervement manifeste de la multinationale. Le combat continue...
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